Mon métier

J’ai la chance d’exercer la profession dont je rêvais : conduire les trains. Et même dans ma carrière, courte à l’heure actuelle, j’ai réussi à faire les trains que je voulais…

 

Paris Nord et Ermont :

 

Aux commandes d'une Corail Rever sur un TER Paris - Beauvais en 2004En 1998, après mon BAC ES, je travaille à l’établissement Traction de Paris Nord où je suis porteur d’eau. C’est un boulot saisonnier dû aux fortes chaleurs et aux cabines non climatisées des Z2N (Z 20500 ligne D). J’ai donc rapidement mis un pied dans mon futur dépôt d’attache : Paris Nord. Après ce job d’été, j’intègre une formation test dite "FCIL" pour être conducteur de ligne. Celle ci s’effectue sur 7 mois entre le dépôt et un lycée du 93. A la fin de cette formation dédiée conducteur, quelques uns d’entre nous (tous devenus des amis) sont embauchés définitivement pour la conduite avec une formation accéléré en 8 mois. Durant cette formation où l’on a la chance de ne pas être spécifié « Banlieue », je conduis avec un moniteur du matériel banlieue ainsi que des Grandes Lignes avec des BB 15000 et BB 16000 en tête de Corails. J’ai pu également, à titre de connaissance, conduire la seule tournée Fret de Paris Nord : un découché Lille de jour en BB 16500. Un moment inoubliable et plaisant de la formation.

Je passe mon examen d’élève conducteur à Paris Nord (l’ancien dépôt de Chapelle) sur une BB 17000 et rame C/VB2N, mes engins de formation. Septembre 2000,le jour de mon anniversaire, je suis reçu et nommé aussitôt dans un dépôt annexe de Paris Nord : Ermont, situé en gare d’Ermont Eaubonne. C’est pour moi une déception car la banlieue d’Ermont n’est pas très varié : 80% de ligne C et le reste de banlieue Ouest (Paris-Pontoise, Valmondois et Persan Beaumont). Formé Z2N, je tourne sur la ligne C entre Argenteuil ou Pontoise pour rejoindre Austerlitz par la VMI (Vallée de Montmorency-Invalides), puis Pont de Rungis-Aéroport d’Orly-Massy Palaiseau et Brétigny-Dourdan la Forêt. D’un point de vue personnel, c’est un calvaire. Rouler à 27 km/h de moyenne pour être à l’heure dans le « trou » (partie Austerlitz-Clichy), utiliser toujours le même engin me rend malheureux, j’ai l’impression de travailler sur une ligne de métro en moins organisée. Fort heureusement, Ermont affiche une bonne ambiance entre les collègues et certains n’hésitent pas à échanger avec moi des tournées ligne C pour de la « Ouest » et voir un peu le jour… En effet, les longs jours d’hiver faisaient que l’on ne voyait le soleil seulement qu’à partir de 10h30/11H00 sur la ligne C dû à la partie tunnel. De plus, s’arrêter à chaque gare toutes les deux minutes, on est vite dans une routine qui me pèse. J’en parle dès le début à mon chef et pars en octobre 2003 à l’établissement Traction du Bourget-Drancy pour faire du Fret.

A Ermont, j’ai été autorisé à toutes les Z2N (Z5600, Z8800, Z20500…) puis aux BB 17000 et rames REVER (rame C et VB2N) et aux Z 6100.

 

Le Bourget :

 

Aux commandes d'une BB 22200 sur un Messagerie pour Lille en 2004Suite aux spécificités liées à la banlieue que ce soit au niveau du matériel ou du règlement, j’ai une formation complémentaire Fret avec 3 nouveaux engins. Le formateur n’est autre que mon futur chef et c’est dans cette formation que je rencontre un de mes meilleurs amis à qui je dois beaucoup. Lui aussi vient de la banlieue, il faut le « convertir » Fret. Très vite, je fais mes études de ligne qui m’emmènent à Creil par Chantilly, par Ormoy Villers (en BAPR) et par Achères. Je signe toute la GC (Grande Ceinture) et des chantiers bien parisiens tels Gennevilliers (ancienne ligne de Garibaldi-StOuen) ou bien Chapelle, le raccordement de l’Evangile… Très vite, mon chef me fait confiance et m’envoie à Sotteville, Amiens, Tergnier et St Pierre des Corps. Je suis converti aux diesels ce qui me permet d’aller à Laon et… Chalindrey par ligne 4, l’une de mes lignes préférées malgré la pénibilité de la tournée… Puis vient au bout d’un an et demi les grandes tournées comme Lille et sa ceinture, Aulnoye, Lens, Somain par les deux bouts (Douai et Busigny en BM), Metz et Woippy sur l’est et enfin Dijon sur le sud-est. Le Bourget a été une chance unique et rare. En effet, personne ne voulait y aller, j’ai donc trouver un permutant pour me remplacer à Ermont. Enfin ! Enfin, je réalisais mon rêve d’enfant à conduire des vrais trains à toutes heures, mais je réalisais une passion de part la variété (aujourd’hui disparue) des trains conduits. Au Bourget, le Fret nous menait sur des grands axes et des lignes mythiques tels Chalindrey ou Dijon, mais nous faisait faire des marchandises ou des messageries. J’ai également tiré des trains de pèlerins, des trains militaires ou des trains couchettes (TAC) détournés. Le Bourget avait également une charge Banlieue importante avec la ligne B (Z8100) et mes anciennes lignes de formation et d’Ermont : la banlieue « ouest ». J’ai toujours refusé, à juste titre d’ailleurs, la formation ligne B pour ne pas retomber dans cette routine rencontrée sur la ligne C. Il est vrai que j’ai plaisir au Bourget de varier mon travail car enfin, il existait une charge TER non négligeable : les TER Picardie sur la ligne de Beauvais nouvellement électrifiée et la ligne de Laon 100% diesel. Celle-ci est sûrement la plus belle ligne au départ de Paris. Et c'est grâce à elle que je tire entre autres des V 140 en CC 72000 en tête d’une rame de 12 caisses corails , avec retour en caravelle…

Voici au Bourget les engins sur lesquels je suis autorisé :

Aux commandes d'un BB 67400 dans la rampe de Longueville en 2004Electriques :

BB 16500, BB 22200, BB 25100, BB 25500, BB 26000, BB 27000, BB 7200, BB 36000 (formé mais non autorisé), rame Dromadaire et rame Corail Rever.

Diesels :

BB 63500, BB 66000, BB 66400, BB 67400, A1A A1A 68000/68500, CC 72000, X 4500, X 72500 et rame RRR.

 

Malheureusement en France, le Fret a beaucoup perdu et nous avons laissé tomber des lignes comme celle de Chalindrey. La restructuration de la SNCF néglige sans jugement, la variété du travail si importante pour moi. C’est ainsi que nous avons perdu au Bourget toutes les lignes TER ainsi que la partie banlieue « ouest ». Nous ne faisons plus de trains en catégorie V (Voyageur) et avons même perdu tous les trains de messageries. Nous ne faisons donc plus que des MA (MArchandises) sur notre étoile géographique. Ayant choisi de diversifier mon travail, j’ai choisi de rester sans roulement ce qui m’arrange d’un point de vue personnel pour mon métier, mais ce qui arrange également la « feuille » pour une meilleure souplesse de l’agent. Mais si je dois toujours faire la même chose au Banal (sans roulement), autant rentrer dans un roulement et c’est pourquoi depuis décembre 2006, je suis dans le roulement « grand axe » (marchandises longue distance) 121 du Bourget.

N’ayant plus du tout foi en la capacité de l’entreprise de redresser le fret et avec l’arrivée de nouveaux opérateurs, j’ai choisi de quitter le fret en ayant répondu favorablement à un conducteur du Petit Thérain (Creil) pour une permutation.

D’ici la fin de l’année, je serai donc dans un nouveau dépôt TER de Creil pour être formé sur des lignes à voie unique (Beauvais-Le Tréport, Beauvais-Creil, Compiègne –Amiens), retrouver du vieux matériel comme les X 4500 ou BB 16500, et être autorisé à des nouveaux engins comme les X 73500 (ATER), les X 76500 (AGC) et les Z 26500 (TER2N NG).

Aux commandes d'une BB 26000 en tête d'un marchandise Perrigny - Bourget en 2007